Et si la lourdeur d’une longue, longue, journée de visio était en fait une sensation d’étirement, comme d’avoir « couvert » beaucoup d’espaces différents, fait de nombreuses tâches, avec peu de présence.
Nous nous serions étiré, de plus en plus, avec de moins en moins de densité.
Il est vrai que nous avons la capacité naturelle à faire plusieurs choses à la fois. Discuter et conduire, écouter et écrire, cuisiner et surveiller les devoirs. Nous avons la faculté de nous démultiplier, de nous étirer, de couvrir plus d’espace.
Cette faculté naturelle a été augmentée par la technique et ses applications modernes maintenant indispensables : la visio, le téléphone, les mails, les sms…
Bien souvent, pendant une visio, nous sommes en « écoute flottante ». Dans le même temps, nous répondons à nos messages et à nos mails, voire au téléphone. Ce qui s’étire en nous, c’est notre présence à ce qui se passe. Nous allons même jusqu’à enchaîner, sauter d’une visio à une autre. Nous en perdons parfois le temps de déjeuner. Une partie de nous-même est encore « scotchée » au précédent sujet, et déjà, nous nous étirons vers le suivant. Notre « élasticité » sert à couvrir plus de sujets, avec moins de présence.
Trop souvent, en fin de journée, nous terminons vides, « à plat ». Nous avons perdu notre densité qui est une partie de notre intégrité.