Au vol ! On nous a volé notre attention

31 mars 2020 0 Par oberthelot

Au vol !
On nous a volé notre attention.
le hold up du siècle est passé sous silence.
Et pourtant on l’évalue à 1000 milliards de dollars.
Les entreprises les plus fameuses de la planète sont les complices. Les voleurs qui ont capté notre attention la revendent au plus offrant sur le marché du big data.
Les autorités ferment les yeux, et cela continue.

 

Notre attention nous est subtilisée au goutte à goutte, minutes par minutes, inexorablement. Nous le voyons, le sentons et nous ne pouvons rien faire ou plutôt, nous ne faisons rien, comme paralysés, tétanisés, hypnotisés.
Ils ont pris le contrôle de notre attention. Nous croyons nous amuser, nous nous perdons. Nous croyons nous divertir, nous nous dispersons. Nous croyons vouloir, nous obéissons. Nous pensons nous faire du bien, nous nous faisons du mal. Nous pensons penser, nous ne faisons que répéter.

La marchandise qui est vendue et échangée, c’est notre attention : des minutes et des heures de notre vie.
Or notre attention est notre bien le plus précieux. Où est notre attention est notre coeur.

Le pire, c’est que nous sommes consentants.

Simone Weil, la philosophe, explique pourquoi nous cédons dans un abandon jouissif. « Il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention, beaucoup plus violemment que la chair ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C’est pourquoi, toutes les fois qu’on fait vraiment attention, on détruit du mal en soi. « 
Être propriétaire et responsable de notre attention, c’est donc porter la responsabilité de nos minutes, de nos heures, de nos jours, de notre vie.
Cette responsabilité peut nous apparaître trop écrasante, et nous démissionnons, trop angoissante, et nous fuyons.

Cependant, nous avons tous fait l’expérience de moments pleins, riches, nourrissants, où nous étions présents à nous-mêmes et à ceux qui nous entourent, en un mot, attentifs. Nous savons que ces moments vécus étaient précieux, créateurs, meilleurs, que des moments mécaniques où nous avons été orientés, dirigés, polarisés par une volonté extérieure.
Décider de « reprendre » son attention survient souvent à la suite d’un choc émotionnel. Soudain, nos yeux s’ouvrent et nous prenons conscience de ce qui nous manque, de notre besoin, de notre vide. Ou encore, à l’inverse, de la saveur d’une vraie présence au monde, aux personnes.

Cette prise de conscience peut nous introduire à vouloir reprendre ce que nous avons perdu, notre attention.
Alors nous entrons dans une éducation de nous-mêmes. Une éducation à la présence, à notre présence.
Se réapproprier notre attention, c’est chaque matin, choisir, ou plus justement ouvrir, s’ouvrir à ce qui va advenir, dans une intention, la nôtre. C’est dans la journée, sentir où nous en sommes et ce dont nous avons besoin. Ressentir ce qui se passe pour l’autre et ajuster notre attitude. C’est décider le soir, d’échanger avec un ami plutôt que surfer sur internet. C’est écrire, dessiner, danser, jouer plutôt que répondre aux stimulations d’un logiciel.

Cela nous concerne tous et nous sommes des milliards.
Reprenons ce qui nous appartient, notre attention !

« I am the master of my fate,
the captain of my soul. » William Ernest Henley

Une philosophe merveilleuse qui a toujours vu la vie en grand ! 

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